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Une fresque murale de Marwan Barghouti en Palestine occupéeCampagne nationale pour la libération de Marwan Barghouti et de tous les prisonniers palestiniens + VIDEO

lundi 28 avril 2014, Par Le Collectif 69

Actuellement près de 200 prisonniers palestiniens en "détention administrative" observent une grève de la faim dans les prisons israéliennes.


Condamné à per­pé­tuité, le député pales­tinien a lancé un appel depuis la prison de Hadarim, cellule 28 (lire ci-dessous).

- La campagne de soutien pour la libération de Marwan Barghouthi et de tous les prisonniers palestiniens a été lancée le jeudi 10 avril depuis l’Assemblée nationale française en présence de son épouse Fadwa Barghouti.

Marwan Barghouti est un dirigeant politique palestinien né le 6 juin 1959 près de Ramallah, incarcéré depuis 2002 dans une prison de haute-sécurité israélienne, condamné à 5 peines de prison à perpétuité surnommé le « Mandela palestinien ».

A l’approche du 29 avril date buttoir des négociations, une campagne national a été organisée pour demander la libération de Marwan Barghouti et de ses camarades politiciens : 4950 dont 15 députés, 118 femmes et 376 enfants.

- Lire l’article de Paris Match Marwan Barghouti, le "Mandela palestinien" ?


Le message de Marwan Bar­ghouti

Le peuple pales­tinien aurait pu dis­pa­raître. En 1948, la Nakba eut lieu et 2/​3 de notre peuple, 750000 Pales­ti­niens furent forcés à l’exil, dans une ten­tative qui mar­quera le siècle de rem­placer un peuple par un autre. Israël sera alors établi sur ¾ de la Palestine his­to­rique, et sur nos ruines. Il aurait pu dis­pa­raître avec l’occupation du reste de son ter­ri­toire en 1967. Mais notre peuple put compter sur deux choses, non seulement pour renaître de ses cendres, mais pour imposer son exis­tence à l’oppresseur et au monde entier : sa déter­mi­nation à mener la lutte pour la liberté, le retour et l’indépendance, et une soli­darité inter­na­tionale sans pré­cédent, et jamais démentie, faisant de notre cause la plus uni­ver­selle des luttes de libération.

65 ans après la Nakba, nous n’avons pas encore réussi à recon­quérir nos droits et à mettre fin à l’occupation. La com­mu­nauté inter­na­tionale rechigne tou­jours à mettre fin à l’impunité d’Israël, et la paix semble de plus en plus com­promise. Mais les peuples expriment chaque jour un peu plus leur soutien à la liberté et à la justice en Palestine, comme étant les seules voies qui mèneront à la paix. Désormais le drapeau pales­tinien flotte partout à travers la planète, et le vote à l’Assemblée générale de l’ONU le 29 novembre 2012 a démontré le soutien quasi-​​universel dont la pers­pective d’un Etat pales­tinien sur les fron­tières de 1967 jouit à travers la planète. Mais l’indépendance ne peut être atteinte sim­plement par un vote.

Il faut nous mobi­liser pour tra­duire ce vote dans la réalité, et pour cela j’appelle tous les par­tisans de la liberté, de la justice et de la paix à travers le monde à se saisir de cette année de soli­darité avec le peuple pales­tinien décidée par l’ONU pour en faire un moment décisif pour le triomphe de la liberté et de la justice.

Cette solidarité internationale, pour jouer pleinement son rôle, doit :

− réaf­firmer la cen­tralité de la question pales­ti­nienne. Cette cause est devenue le symbole de la lutte contre l’oppression et l’occupation, contre l’injustice et la négation des droits, contre les murs et l’apartheid à travers le monde.

− trans­cender les divi­sions poli­tiques et la frag­men­tation géo­gra­phique, car l’unité est la condition de la vic­toire pour les peuples opprimés. Elle est soli­darité avec notre peuple qui vit sous un siège inhumain à Gaza, qui affronte la colo­ni­sation et le mur en Cis­jor­danie, surtout Jéru­salem, avec ceux qui sont menacés de transfert par dizaines de mil­liers dans le Naqab, avec ceux qui endurent le siège de la faim et de la mort dans le camp de réfugié de Yarmouk.

− accentuer la pression inter­na­tionale qui pèse sur la puis­sance occu­pante. J’appelle les hommes et femmes épris de liberté à travers le monde à sou­tenir la résis­tance paci­fique et la capacité de notre peuple à tenir bon sur sa terre. Il est aussi temps d’agir réso­lument pour le boycott et l’isolement de l’occupation israé­lienne, en s’inspirant de l’expérience sud-​​africaine, et de se diriger vers les ins­tances et juri­dic­tions inter­na­tio­nales qui doivent prendre toutes leurs res­pon­sa­bi­lités et mettre un terme à l’impunité d’Israël, qui permet à cette occu­pation de per­durer, et demeure le prin­cipal obs­tacle à la paix.

L’Europe doit se conformer dans ses actions à ses posi­tions exprimées depuis des décennies. Je crois que la France peut, et doit, jouer un rôle sin­gulier dans cette région, et que ce rôle doit être basé sur la défense d’une paix fondée sur le droit inter­na­tional. Le peuple français sou­tient sans équi­voque les aspi­ra­tions légi­times du peuple pales­tinien, et sa mobi­li­sation a contribué au vote his­to­rique de la France en faveur de l’Etat pales­tinien à l’ONU qui a joué un rôle majeur dans l’obtention d’une majorité au sein de l’Union Euro­péenne. En tant que Pré­sident du groupe d’amitié Palestine-​​France au Conseil légis­latif pales­tinien, j’ai eu l’occasion de mesurer ce soutien, avant d’en béné­ficier moi-​​même au moment de mon arres­tation. Des per­son­na­lités fran­çaises assis­tèrent, auprès de per­son­na­lités inter­na­tio­nales, à mon procès pour exprimer leur soli­darité avec notre peuple : Francis Wurtz, Gisèle Halimi, Monique Cerisier ben-​​Guiga, Jean-​​Claude Lefort. Ce dernier qui a depuis pour­suivi sans relâche ses efforts pour la libé­ration des pri­son­niers pales­ti­niens. Le journal de l’Humanité, sous la direction de Patrick le Hyaric, se mobilisa main­tenant depuis plus d’une décennie. Le gou­ver­nement français appela à ma libé­ration à plu­sieurs reprises, en dépit des alter­nances poli­tiques, y compris l’actuel Ministre Laurent Fabius. Des per­son­na­lités de premier plan ont défendu cette pers­pective, notamment un homme que j’ai eu l’occasion de ren­contrer et dont j’apprécie la connais­sance pro­fonde de notre région du monde et son action résolue en faveur de la paix, le Ministre Hubert Védrine. Des villes m’attribuèrent la citoyenneté d’honneur dans un geste de soutien à l’ensemble des pri­son­niers pales­ti­niens. Je ne peux ici que saluer la mémoire d’un homme remar­quable qui se mobilisa jusqu’au bout pour la justice en Palestine, notamment pour les camps de réfugiés pales­ti­niens, terres de désespoir que la déter­mi­nation des pales­ti­niens et des par­tisans de la justice ont trans­formé en école de l’espoir, je parle bien sûr de Fernand Tuil.

Il n’y a que trois scé­narios pos­sibles : un Etat pour tous ses citoyens sur toute la Palestine his­to­rique, deux Etats vivant côte à côte sur les fron­tières de 1967, où la pour­suite de ce conflit et l’apartheid. Notre peuple ne tolérera pas l’apartheid, et le monde, qui vient de rendre hommage au symbole uni­ver­selle de la liberté Nelson Mandela, ne peut tolérer que ce régime ter­rible puisse renaître, après sa défaite en Afrique du Sud, en Palestine.

Je me suis engagé fer­mement pour la paix après la conclusion des accords d’Oslo. Mais Israël a choisi l’occupation et la colo­ni­sation, nous forçant à reprendre le chemin de la résis­tance. Cela ne m’a pas empêché de continuer à plaider pour une solution à ce conflit fondé sur deux Etats sur les fron­tières de 1967 et garan­tissant le droit au retour des réfugiés pales­ti­niens. C’est Israël qui menace cette pers­pective. Aujourd’hui, je suis dans une prison israé­lienne, alors que l’extrême droite est au pouvoir en Israël.

Ein­stein disait que la folie consistait à se com­porter de la même manière en s’attendant à un résultat dif­férent. Qu’y a-​​t-​​il à attendre de négo­cia­tions de paix qui ne s’appuient pas sur un enga­gement clair de la puis­sance occu­pante à mettre un terme à son occu­pation et à mettre en oeuvre les réso­lu­tions inter­na­tio­nales et alors même que les actions de la puis­sance occu­pante confirment qu’elle a choisi réso­lument le chemin de la colo­ni­sation et de l’oppression ? L’occupation et la paix sont incom­pa­tibles, seule la fin de l’une mar­quera le début de l’autre. La liberté est donc la pierre angu­laire de la paix.

Je vous appelle donc à continuer à incarner un message clair et salu­taire : les valeurs uni­ver­selles ne peuvent pas s’arrêter aux fron­tières de la Palestine, car renoncer à ces valeurs au Moyen-​​Orient, c’est les com­pro­mettre partout.

800 000 Pales­ti­niens sont passés par les geôles israé­liennes depuis 1967, dans une ten­tative de briser la volonté d’un peuple de pour­suivre sa lutte pour la libé­ration. C’est donc d’ici, de ma cellule, auprès de 5 mil­liers de pri­son­niers pales­ti­niens dont la libé­ration ouvrirait la voie à la liberté de notre peuple, auprès de Karim Younes qui a entamé sa 32ème année dans les geôles de l’occupation, de leaders pales­ti­niens de diverses fac­tions poli­tiques dont le Secré­taire Général du Front Popu­laire pour la libé­ration de la Palestine Ahmed Saadate, auprès de jeunes, de vieux, de femmes, d’enfants à qui Israël essaye de cacher l’horizon, que je vous envoie ce message pour vous assurer que notre déter­mi­nation demeure intacte, et votre soli­darité la nourrit quo­ti­dien­nement. Le peuple pales­tinien par sa lutte et votre soli­darité est entré dans la légende. Il prendra un jour, je n’en doute pas, sa place légitime dans l’histoire et la géographie.

Marwan Barghouti Prison de Hadarim, Cellule n°28

Source Humanité Dimanche via France-Palestine (AFPS)

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