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1967 à Jérusalem, des soldats israélien surveillent des prisonniers Palestiniens et Jordaniens Assemblée Générale Collectif 69 Palestine - Rapport moral et d’orientation - 7 juin 2017

mardi 13 juin 2017, Par Le Collectif 69

« Il y a 50 ans, du 5 au 10 juin 1967, la guerre des 6 jours » « Durant l’opération, nous avons dû chasser les habitants. Ce déracinement d’un villageois enraciné dans son village, en le transformant en réfugié, simplement en l’expulsant, et pas un, deux ou trois d’entre eux, mais une véritable expulsion. Et quand vous voyez que tout un village est conduit comme des agneaux vers l’abattoir, sans la moindre résistance, vous comprenez ce qu’est l’Holocauste. » - Témoignage d’un soldat israélien dans le documentaire  Censored Voices (Voix censurées), dirigé par Mor Loushi (2015).


- Palestine

La colonisation israélienne et les violences faites aux Palestiniens se poursuivent à un rythme soutenu. Près de 70 ans après la création de l’État d’Israël, la politique de l’occupant, non seulement s’accentue, avec l’arsenal que nous connaissons depuis des années, mais produit des modifications substantielles du tableau de la situation.

Ainsi la loi du 6 février 2017 ouvre la voie à l’annexion pure et simple de tout ou partie de la Cisjordanie. S’il devait se poursuivre, le passage de la colonisation à l’annexion marquerait un nouveau tournant. Ce serait la fin officielle de la perspective des "deux États", au profit d’"un seul État", accompagné d’un Apartheid israélien assumé. L’arsenal juridique liberticide dont la Knesset a doté le pays depuis plusieurs années se renforce. Parmi cette dizaine de lois figurent quelques innovations. La "seule démocratie du Proche-Orient", dispose désormais d’une loi permettant à 90 députés - sur 120 - d’expulser... les autres parlementaires. Cette « démocratie », qui ferme du jour au lendemain sa radio et sa télévision, met également en place un fichier visant à interdire l’entrée du territoire aux mal-pensants de BDS.

Face à cette situation, le camp palestinien est à la peine, entre division et collaboration. Le 6 mars 2017, les forces d’occupation israélienne ont abattu Basel Al Araj. Ce drame, un de plus, est malheureusement emblématique de la situation. En effet, ce militant venait de sortir d’une prison de ... l’Autorité Palestinienne, et avait été enfermé à la demande d’Israël. Les manifestations qui ont suivi sa mort ont été violemment réprimées par la police de l’Autorité. L’AP s’est servie de Basel comme du symbole de leur engagement envers la coordination en matière de sécurité avec Israël. Lorsque, en outre, l’AP indique ne plus vouloir payer l’électricité de GAZA, l’infamie est à son comble. L’Autorité Palestinienne a mené les Palestiniens sur la voie du désenchantement, de la répression et d’une division accentuée. Rappelons que le mandat de Mahmoud Abbas est arrivé à expiration en 2009, il y a plus de six ans maintenant. Du côté des autres organisations palestiniennes nous pouvons noter l’évolution positive de la charte du Hamas (caractère politique et non religieux du conflit...) Malgré le rouleau compresseur Israélien et la collaboration de l’Autorité palestinienne, le peuple palestinien continue de résister. Quel plus bel exemple que celui de ces 1600 grévistes de la faim qui ont entamé un combat unitaire très difficile. Il faut malheureusement noter le peu d’écho médiatique de cette action d’ampleur, comme il faut noter que la question palestinienne n’est plus relayée comme préoccupation majeure. Ainsi la politique criminelle israélienne peut-elle se dérouler dans une quasi indifférence de la communauté internationale.

- Le contexte international et français

Aux États-Unis, l’élection de Trump, a représenté un large espoir pour Netanyahou, déjà encouragé par le laisser faire de B. Obama. Nous aurons des précisions dans les mois à venir sur la réelle politique américaine. Cependant, cette dernière favorise d’ores et déjà un rapprochement Israélo/Saoudien contre l’Iran et ses alliés régionaux. Pour ce qui concerne la France. « La colonisation est un crime contre l’Humanité » (déclaration en Algérie), comme le candidat Macron avait raison ! Nous ne pouvons que lui dire « chiche » d’assumer ses propos pour notre histoire contemporaine et pour les crimes commis depuis 70 ans par l’occupant israélien. Malheureusement nous savons que ce nouveau président n’est pas prêt d’assumer la vérité, s’agissant de la situation faite aux Palestiniens. De la condamnation du boycott, au refus de la reconnaissance de la Palestine, le président Macron est dans la droite ligne de ces prédécesseurs. Le minimum de courage politique ne semble pas être une vertu des plus partagées par le nouvel exécutif. Lorsque le CRIF s’arroge le rôle de tribunal de la pensée pour traquer et exiger la mise au ban des « déviants » pro Palestiniens présents sur les listes d’investiture aux élections législatives, le mouvement « En marche » s’exécute et suspend les mal-pensants. Il nous faudra être attentifs aux prises de position du nouvel exécutif quant à la situation en Palestine occupée.

- Notre Collectif

Nos actions

Malgré un contexte marqué par un retrait médiatico/politique, notre association a su maintenir une forte mobilisation citoyenne comme l’atteste le rapport en image ci-joint, extrait de nos actions au cours de l’année 2016/2017. Nous nous sommes fait le relais, tant que possible, d’initiatives prises par les associations de soutien à la Palestine présentes sur la scène nationale (Plateforme des ONG, AFPS, campagne BDS, Europal...) Conférences, actions BDS, points d’information, campagnes...ont ponctué encore cette année. Notre présence active sur les réseaux sociaux permet une amplification et un relais bienvenus de nos initiatives. Notons que, pour la première fois depuis la création du Collectif, nous sommes parfois l’objet de "l’attention" des services de police et de justice, dans le cadre de la répression contre BDS. Ce furent les épisodes de la chasse au teeshirt de l’été 2016, de "l’attention" aux Femmes en Noir ou de la convocation de notre adhérente P.L., pour une composition pénale pour "crime" de distribution de tracts !

Mais ne nous laissant pas détourner de nos objectifs, de nouvelles formes de mobilisation apparaissent comme l’émergence de cette chorale dont nous attendons impatiemment les premières mesures.

- Perspectives

L’année 2017 nous rappelle les années en 7, qui marquent souvent d’une pierre noire le destin du peuple palestinien. 1917 : déclaration Balfour, 1947 : plan de partage de l’ONU, 1967 : occupation des territoires palestiniens, 2007 : blocus de Gaza.

L’année 2018 rappelle elle d’autres pages sombres pour le peuple palestinien. La Nakba et la création de l’Etat d’Israël. 2018 sera malheureusement marquée par l’année France-Israël et son corollaire de manifestations culturelles. Il nous est dit que « la Saison croisée France-Israël 2018 marquera une nouvelle et importante étape dans les relations entre les deux pays ». Nous voici avertis !

- BDS toujours !

Malgré les tentatives de répression à l’encontre de la campagne de Boycott, celle-ci poursuit son développement à travers le monde. Il y a quelques jours, la Confédération Norvégienne des Syndicats (LO), qui représente près d’un million de travailleurs, a souscrit au boycott total d’Israël pour permettre aux Palestiniens d’acquérir leurs droits fondamentaux conformément au droit international.

La bataille pour le droit au boycott tiendra encore une place particulière comme axe fort de mobilisation, car la campagne BDS, notre étendard commun, représente la perspective de faire reculer Israël et de porter des coups à la politique de cet État, tant que le peuple palestinien n’aura pas recouvré ses droits légitimes, près de 70 ans après la Nakba. Nous devons élargir toujours plus la campagne BDS comme réponse citoyenne aux impasses de la situation faite aux palestiniens. Nous entendons poursuivre cette campagne, l’élargir et répondre aux attaques dont sont l’objet les militants. Un large front de défense du droit au boycott en France doit voir le jour.

En outre, au niveau européen, nous espérons voir les choses bouger. Le gouvernement français est sommé de répondre à la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), à propos de sa politique à l’encontre des membres de BDS, suite d’une requête déposée par nos onze camarades condamnés par la Cour d’appel de Colmar. Accusés de « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur origine nationale », ils espèrent aujourd’hui que la CEDH bousculera la France quant au boycott. Nous espérons que la Cour Européenne conclura que la condamnation de ces appels au boycott constitue une violation de la liberté d’expression. Ce serait conforme aux propos de Federica Mogherini, représentante de l’Union Européenne pour la politique étrangère, qui rappelait que la Charte des Droits fondamentaux de l’Union Européenne s’applique à toutes les informations ou idées, même celles « qui offensent, choquent ou dérangent l’État ou tout secteur de la population ».

- Une grande journée de solidarité le 4 novembre

Nous entendons organiser une manifestation d’ampleur sur l’agglomération lyonnaise et ce à l’occasion de la commémoration des années en 7. Il s’agit de mobiliser et dynamiser un large public, solidaire du peuple palestinien ainsi que d’affirmer un rapport de force en faveur de la Palestine.

Cette journée sous le signe de la solidarité sera l’occasion de mobiliser les cœurs et les esprits afin d’affermir le rapport de force en faveur de peuple palestinien. Ce sera également l’occasion d’élargir et de relayer toujours plus la campagne BDS.

Concrètement une salle (Salle Irène Joliot Curie à Vénissieux) est réservée. Concert, témoignages, stands…permettront de partager un moment de solidarité avec le peuple palestinien.

En outre nous réitérons les objectifs inscrits dans le rapport de notre précédente assemblée générale :

- Maintenir un cap large de soutien

Les impasses de la situation actuelle, la violence faite aux Palestiniens, la complicité des gouvernements incitent aux surenchères voire aux replis radicaux. C’est exactement le contraire que nous devons continuer de promouvoir : une ligne ouverte et non sectaire de soutien au peuple palestinien afin de poursuivre les explications et la construction d’un rapport de force favorable aux droits du peuple palestinien. Le gouvernement israélien surfe sur les peurs du terrorisme pour tenter d’assimiler la résistance palestinienne au dit terrorisme ; or nous avons la responsabilité de déconstruire ce discours. L’unité la plus large, autour de la cause palestinienne, doit être poursuivie, loin des sectarismes et esprit de boutique, c’est en quelque sorte ce qui forme l’ADN de notre collectif. (voir également l’ensemble des organisations signataires de notre charte sur http://collectif69palestine.free.fr...). Nous entendons également poursuivre notre inscription dans les mouvements larges de défense des libertés (dont la liberté du boycott), comme nous l’avons fait contre l’état d’urgence.

- Le renforcement du réseau institutionnel et politique

Les élites (politiques, journalistiques…) restent tétanisées dès qu’il s’agit de la Palestine et d’Israël. La prudence la plus extrême s’exprime même lorsque le gouvernement israélien promeut des actions et des thèses les plus extrêmes. Nous devons renforcer nos liens avec les institutions politiques afin de demander la fin du statut quo qui fait le jeu de l’occupant. Nous pouvons également nous fixer comme objectif de prendre langue avec des organisations afin de renforcer le camp de la solidarité, à l’instar des liens avec la LDH : CIMADE, CCFD, Artisans du Monde, CGT, Confédération paysanne...

Renforcer la présence des jeunes dans nos instances Il est nécessaire que la jeunesse, si présente dans les mobilisations, ait toute sa place dans nos instances d’animation (CA...). Nous les appelons à prendre toute leur place dans la pérennisation de notre structure.

- Former et renouveler nos moyens d’action

L’expérience passée de sessions de formation sur l’histoire et le pourquoi de la situation, pourrait être renouvelée afin d’armer notamment la jeunesse à la question palestinienne.

Si les formes, comme les manifestations, rassemblements, conférences... sont toujours pertinentes, il nous faut réfléchir à de nouveaux moyens de mobilisation, nous appuyant, entre autres, sur les réseaux sociaux. La chorale, déjà évoquée, va dans ce sens.

Merci à tous ceux et à toutes celles qui contribuent au combat et apportent leur pierre à l’édifice solidaire de notre Collectif, qui œuvre pour les droits inaliénables du peuple palestinien.

Jérôme Faÿnel, Président, et le Conseil d’Administration


NB : Ce rapport a été adopté à l’assemblée générale du 7 juin 2017

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