Accueil du site > Culture > Claude LANZMANN - LORSQUE « TSAHAL » SALIT « SHOAH »

Claude LANZMANN - LORSQUE « TSAHAL » SALIT « SHOAH » Devant la projection de Tsahal le 21 fev 2010

mardi 16 février 2010, Par Le Collectif 69

A propos de la rétrospective Claude LANZMANN - Institut Lumière LYON - Février 2010

Intervention devant Claude Lanzmann le 9 février et devant la projection du film Tsahal le 21 février 2010.


Tract diffusé :


Lorsque Claude Lanzman réalise « SHOAH » en 1985, un long-métrage historique qui donne la parole aux témoins de la terreur nazi, nous sommes bouleversés.

Lorsqu’il décrit le camp de concentration de Chelmno en Pologne, et l’horreur vécu par plus de 400 000 personnes victimes des chambres à gaz nazies, monsieur Lanzman témoigne de l’histoire et de la nécessaire transmission aux générations futures de ce que fut la terreur nazie et la solution finale.

Alors respect pour cette œuvre monsieur Lanzman.

Lorsque le même homme prend, depuis des décennies, faits et causes pour Israël et signe plusieurs films (Pourquoi Israël, Tsahal) autant de tracts de soutien à cet Etat criminel, alors il salit son chef d’œuvre « SHOAH ».

C’est une insulte aux victimes du judéocide nazi que de prendre, au nom des victimes d’hier, la défense des crimes israéliens d’aujourd’hui (même si aucune comparaison n’est à faire entre ces crimes)

Mais qui sont ces hommes, ces femmes et ces enfants de Palestine, qui ne méritent aucune compassion, enfermés dans le Ghetto de GAZA et de CISJORDANIE ?.

« Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d’enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes [palestiniennes]. » Ainsi parlent, sans être contredits, des généraux israéliens dans « Tsahal » (1994 )

Gaza 2009-2010

Armée culte à défaut de documentaire culte.

Tsahal ressemble par trop aux films de propagande produits au cours des premières années de l’Etat d’Israël, alors même que le cinéma politique en ce pays a considérablement évolué.

Pendant une projection privée du film à Paris, l’auteur a affirmait : « Je n’ai rien évité et rien caché. »

Or, fait incroyable, le film omet complètement de traiter de la guerre du Liban, la plus problématique que l’armée israélienne ait menée, à l’époque, dans son histoire. Une guerre qui a secoué et déchiré toute la société, qui a causé la mort de quelque sept cents soldats israéliens, de plus de vingt mille Palestiniens et Libanais, et qui a provoqué la démission du premier ministre Menahem Begin ; une guerre déclenchée en juin 1982 pour anéantir l’OLP et qui a duré jusqu’en 2000, mais sous une autre forme, dans le Sud-Liban occupé par Israël.

Mais le film passe sous silence les bombardements des villes et la destruction des camps de réfugiés au Sud-Liban en 1982, le terrible siège de Beyrouth, le massacre de Sabra et Chatila que facilita l’armée israélienne .

Et voici le Liban rayé de l’histoire de Tsahal dans un film appelé Tsahal. Ce serait comme un film sur l’armée française sans la guerre d’Algérie.

La guerre du Liban a révélé un phénomène nouveau, et choquant pour l’Israélien moyen : le refus de certains soldats (tel le célèbre colonel Elie Gueva) d’obéir à l’ordre d’envahir Beyrouth et même de servir dans les rangs de l’armée au Liban. Il s’agissait de soldats du contingent et de réservistes membres du mouvement Yesh Gvoul (« Il y a une limite »).

Le film ne donne pas la parole à ces pacifistes. Au total, des milliers d’entre eux auront refusé de servir au Liban et dans les territoires occupés. Quelque deux cents de ces réfractaires furent condamnés à la prison ferme pour quelques semaines, voire pour quelques mois. Signataire du « Manifeste des 121 » qui, le 6 septembre 1960 en France, dénonçait la répression en Algérie en appelant à l’insoumission, Claude Lanzmann passe sous silence un même phénomène en Israël. Deux poids, deux mesures.

La guerre israélo-palestinienne, qui dure depuis l’occupation des territoires palestiniens en juin 1967, et dans laquelle l’armée doit assumer la répression, est évoquée par des images montrant des enfants qui jettent des pierres sur les soldats, un couvre-feu à Naplouse, des vues de Gaza. Comment l’armée d’occupation lutte-t-elle contre la résistance palestinienne ? On ne le verra pas. Et si le point de vue officiel de l’armée a tout loisir de s’exprimer, aucun représentant ou combattant palestinien ne prend la parole pour expliquer les raisons de la violence de cette résistance. C’est comme un film sur la guerre d’Algérie où le FLN n’existerait pas.

Où sont ces images qui firent le tour du monde montrant des soldats israéliens exécutant les ordres de M. Itzhak Rabin, ministre de la défense qui, au début de l’Intifada, ordonna à ses soldats de « briser les os [des Palestiniens] » ? Rien non plus sur le dynamitage des maisons. On ne voit pas les arbres fruitiers arrachés, « derrière lesquels se sont cachés les terroristes ». On ne voit rien des expulsions et des arrestations (à ce moment là une centaine de milliers de Palestiniens sont passés dans les prisons et les camps d’internement israéliens depuis le début de l’Intifada). Le 14 juin 1994, la télévision israélienne a diffusé un film de l’Israélien Rami Lévy traitant de façon très courageuse des tortures infligées aux Palestiniens et dans lequel des Arabes apportent leurs témoignages. L’eût-il souhaité, Claude Lanzmann aurait pu facilement se les procurer. Il existe au sein de l’armée israélienne un escadron de la mort composé d’unités déguisées en Arabes et qui exécutent sommairement les activistes palestiniens recherchés. Les médias israéliens ont donné des informations abondantes sur le sujet. Mais pas un mot dans le document de Claude Lanzmann.

Le film conte les dangers de l’Intifada, car un jet de pierre est susceptible de tuer. Mais une pierre lancée par l’homme ne peut franchir plus de 60 mètres. Or les francs-tireurs israéliens spécialisés visent, avec leurs lunettes, des manifestants qui jettent des pierres à une distance plus éloignée, ils en touchent un ou deux et dispersent ainsi la manifestation. « Les soldats tirent uniquement lorsqu’ils sont en danger », dit l’un des généraux dans le film. Mais combien, parmi les mille cinq cents tués et trente mille blessés de la première Intifada, ont réellement mis en danger la vie des soldats ? Leur nombre est infime.

Mais depuis en particulier à GAZA, les crimes de guerre et les crimes contre l’Humanité sont avérés (voir le rapport du juge Goldstone, désigné par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU)

Dans un entretien avec des internautes sur lemonde.fr, Claude Lanzmann s’exprime en mars 2009, soit trois mois après les massacres à GAZA (http://www.lemonde. fr/web)

Plick : Après le bombardement massif de Gaza, après l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, êtes-vous toujours « ce défenseur opiniâtre d’Israël ?

Claude Lanzmann : Oui.

AC : Je me permets de poser une question au cinéaste engagé qu’est Claude Lanzmann : ne pensez-vous pas que votre film Tsahal mérite une révision après les derniers massacre de Gaza par l’armée israélienne ?

Claude Lanzmann : « Non, je ne le pense pas du tout. Il faut arrêter cette histoire. Les Israéliens ont fait des bombardements ciblés à Gaza et avec des victimes, c’est la vérité. Et chacun déplore absolument ces victimes. Mais les gens du Hamas, eux, ont fait des bombardements indiscriminés, tapant n’importe où sur n’importe qui, sur des écoles. Simplement, ils n’ont pas tué beaucoup parce que les Israéliens avaient fermé les écoles, les gens vivaient dans les abris. Et leur relation à la vie et à la mort n’est pas la même. C’est une vérité absolue que les gens du Hamas s’enterraient sous les habitations et mettaient les gens dehors en leur faisant risquer d’être touchés. Chacun sait cela, il ne faut pas être la victime de la propagande de ces gens-là, qui ont vraiment du génie pour la propagande. Il ne faut pas être non plus la victime des images sans explication, ni genèse, ni généalogie des événements »

Ainsi malheureusement tout est dit. Monsieur Lanzman ne trouve aucun mot et ne révise en rien ses positions. Un alignement indéfectible à un Etat qui ne respecte aucun droit, ni les droits de l’Homme, ni le droit international.

Il participe ainsi de la confusion des esprits et de l’équation terrible, terreau de l’antisémitisme, qui voudrai que tout juif de France soit aligné sur l’Etat d’Israël.

C’est ainsi, que monsieur Lanzman salit SHOAH

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0